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`Je suis seul dans un monde infini`
prose [ ]
[Une mélancolie de l`Est]

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par [h.p.sebastian ]

2009-12-27  |     | 




Je suis seul dans un monde infini comme un oiseau. Comme une pierre. Mon nom commence avec une consonne forte. P. Je suis un rêve qui se cache sous la peau des personnages. Ou des personnes de l`Est.

Chaque matin je me couche dans le lit qui se trouve près de la fenêtre. J`ai oublié le nom de mon pays. De mes parents. De mon chien. Oui. C`est vrai. J`ai un chien qui aboie à la lune. J`aime mon chien. J`aime aussi le chat des R. Je prononce le nom de saint esprit. Il se trouve en moi. Il me parle chaque jour. Et moi j`écris comme un fou tous les mots. Etranges. En haut de la page c`est le nom de la jeune fille de l`Est. Je rêve. Comme un saint sans ailes. Comme un enfant qui a perdu son destin.

Je suis un enfant sans destin. Sans pays. Partout il y a des larmes pour les morts dans une ville de l`Est. C`est pas ma ville natale. C`est un cauchemar. Dans la main droite je tiens les fleurs pour ma mère perdue dans les ténèbres. Dans la main gauche les larmes de mon père.

Il fait sombre dehors. La pluie tombe sur la terre. Il pleut maintenant dans mon cœur. Il pleut dans mon âme. Mon âme a la forme d`un pigeon. Un pigeon dans la cage est comme un café au lait. Je ne mens pas du tout. Le pigeon est l`âme de tous les hommes et les femmes de l`Est. Il est le symbole de la liberté. Le café au lait est le symbole de la nuit qui cache dans ses ombres les enfants du soleil. Le soleil est le symbole de la vie. La vie. La vie. La vie.

Je me tais. Quelqu`un frappe à la porte. J`ouvre mon corps. L`air de la nouvelle nuit entre en moi et me fait respirer la fraîcheur des indépendants. Des verres qui ne cassent pas les fenêtres des appartements sans lumière. La lumière sainte je la garde dans mes yeux.

Je suis malade. Comme mon père qui touche les cheveux de ma mère. Comme mon grand-père qui boit du vin. Comme mes amis que j`ai perdus depuis longtemps. Je suis seul comme un mot sans voyelles et sans consonnes. Comme un prêtre. Comme tout le monde qui tombe aux genoux et prie les saints. Mon nom n`a rien de saint. C`est un nom banal. Comme tout les noms de l`Est.

Je prends une boulle de campagne. Le Magazine Littéraire. Des pommes de terre. Et un petit croissant. Je les mange. Le reste je garde pour les jours quand la pluie va recommencer. J`écris pour ennuyer les autres. J`écris sur le morceau du pain. Je mange du pain comme un fou. Je bois du vin. Et de la bière. Maintenant je prends seulement un thé.

J`ai un rendez-vous aujourd`hui. Mais je ne suis pas préparé. Je veux dormir. Je suis fatigué. Je ressens une forte nausée. Dans mes veines il pleut. Non. Il neige. Non. Les gens de l`Est pleurent. Oui. Tout le monde que j`ai connu pleure en moi les morts de ma ville natale. Je rêve. Peut-être la pluie s`arrêtera. Demain je serai à Paris.

Je vais voyager. Dans les mots. Oui. Je vais faire un voyage parmi les mots. Je sors en ville avec la maîtresse. Elle aime ma bite. Moi j`aime bien son sexe. Je m`arrête. Point. Je suis seul.

Dans ma chambre il y a beaucoup de monde. Des livres. Des verres. Des fourchettes. Des cuillères. Des couteaux. Des papiers à remplir. Des dossiers. Et l`image de Maria gardée dans l`âme. J`ai tombé amoureux d`elle. Depuis longtemps. Une seconde. Une minute. Une heure. Une semaine. Un mois. Un an. Deux ans. Trois ans. Quatre ans. Cinq ans. Et l`infini.

A l`Est personne n`envoie de lettres. Personne ne reçoit de lettres. Tout le monde lutte contre le système. Tout le monde a peur de ces monstres. Les monstres qui ne rigolent pas. Qui ne joue pas de la guitare. Qui ne savent pas écrire. Lire. Fumer. Boire. Aimer. Dialoguer. Chanter. C`est pas la vie en rose.

Je termine un livre de Camus. Mon sujet de recherche. Je travaille sur le mythe de J. avec Mme W. et Ms. W. Ils ne sont pas mariés. Ils aiment jouer de la guitare. Moi aussi.

Je mets une virgule entre les seins de ma maîtresse. Un point entre ses lèvres. Et point virgule entre les paumes de Maria. Je reste comme un aveugle. Je ne vois rien. Je ne dis rien. Je suis un malade qui s`ennuie.

Chez moi il y a des mystères. Le destin est une réalité dure du monde qui ne parle pas. Le mystère du destin. La parole est la retraite à l`ombre des jeunes filles en fleur. Je me tais. Comme d`habitude. Je me suis fâché contre ma mère. Contre mon père. Contre Maria. Je suis un vieux. Quelqu`un sans chapeau frappe à la porte.

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